Bonaire 08/07/2025

Bonaire – une beauté sous conditions

Au moment où j’écris ces lignes, nous avons déjà quitté Bonaire, traversé Curaçao, et posé l’ancre à Aruba. Les îles ABC… Que dire, sinon que nous en attendions davantage ? Pourtant, Bonaire restera notre préférée.

L’île, classée parc naturel protégé dans son intégralité, impose un cadre strict — presque rigide — aux visiteurs venus par la mer. Ici, le plaisancier est perçu moins comme un voyageur curieux que comme une menace écologique flottante.

À peine arrivés, le ton est donné : taxe touristique obligatoire à payer en ligne avant même de mettre un pied à terre. Et si l’idée vous vient de plonger pour admirer leurs précieux coraux, il faudra payer une seconde taxe spécifique à la plongée/snorkeling.

Impossible de rejeter la moindre goutte d’eau usée, qu’elle soit grise ou noire. Heureusement, Duo est équipé de réservoirs dédiés. Sans cela, une place en marina devient obligatoire… accompagnée de l’interdiction d’utiliser à bord toilettes, éviers ou douches. Autant dire que Bonaire n’est pas une escale accessible à tous les voiliers.

Le mouillage libre est interdit : seules les bouées sont autorisées, facturées 35 $ US par jour pour un voilier de la taille de Duo (53 pieds).

La ville en elle-même est charmante, avec ses maisons pastel et ses petits commerces indépendants. Mention spéciale au glacier en front de mer — sans doute le meilleur des Antilles ! Et que dire de la plongée le long du tombant à l’ouest de Klein Bonaire ? Un décor splendide, bien que… nous en espérions encore plus.

Mais attention, même Klein Bonaire se mérite : interdiction formelle de s’y rendre en voilier ou annexe personnelle. Seuls les water-taxis officiels, à 25 $ l’aller-retour, vous y déposeront.

Ici, tout se paie. Absolument tout… sauf l’air que l’on respire.


 Bonaire – een parel met regeltjes

Op het moment dat ik dit schrijf, liggen we al in Aruba, na ook even halt te hebben gehouden in Curaçao. De ABC-eilanden… wat kunnen we zeggen, behalve dat we er misschien nét iets meer van verwachtten?

En toch blijft Bonaire onze favoriet.

Het hele eiland is uitgeroepen tot beschermd natuurpark, en dat voel je meteen. Plezierzeilers worden er niet bepaald met open armen ontvangen – men ziet ons eerder als potentiële vervuilers van hun kostbare koraal.

Bij aankomst is de toon meteen gezet: je moet online een toeristentaks betalen vóór je voet aan wal zet. En wie het hoofd onder water wil steken om het onderwaterleven te bewonderen, moet een extra “snorkelbelasting” ophoesten.

Geen druppel grijs of zwart water mag overboord. Gelukkig is Duo uitgerust met de nodige tanks, want wie dat niet heeft, moet verplicht naar de marina — en zelfs daar mag je geen wc, gootsteen of douche aan boord gebruiken.

Vrij ankeren is ten strengste verboden. Je bent verplicht een boei te nemen, en dat kost je 35 US dollar per dag voor een schip van 53 voet zoals Duo.

De stad zelf is best charmant, met kleurrijke huisjes en kleine zelfstandige winkeltjes. De ijsjes aan de waterkant zijn werkelijk heerlijk – misschien wel de beste van de hele Caraïben.

En de duik langs de steile wand ten westen van Klein Bonaire? Zeker de moeite, al hadden we stiekem nóg wat meer verwacht.

Maar ook hier geldt: geen eigen bijboot of zeilboot naar het eilandje. Enkel met een officiële watertaxi mag je erheen – voor 25 dollar heen en terug.

Hier betaal je voor alles. Voor álles… behalve de lucht die je inademt.

En route pour Klein Bonaire.           Op weg naar Klein Bonaire

Ci-dessus, Charlotte.

Un sourire éclatant, une main posée sur le boudin de l’annexe, et ce vent dans les cheveux qui raconte déjà mille escales. Cette photo est bien plus qu’une simple image : elle capture un moment, une énergie, une présence que nous n’oublierons pas.

Charlotte… dans moins de 30 jours, tu quitteras DUO à notre arrivée à Aruba. Et déjà, un vide s’installe à bord, comme si l’équipage perdait un peu de son âme. Tu as été une équipière hors pair, bien au-delà de ce que nous aurions pu espérer. Toujours présente, toujours juste — entre ton calme presque chirurgical dans les situations les plus tendues et ton enthousiasme contagieux face à chaque nouveau rivage, tu as su donner à notre aventure une dimension unique.

Nous avons vécu ensemble des moments forts. Le jour où nous avons perdu la barre hydraulique, par exemple… beaucoup auraient paniqué. Toi, tu es restée solide, lucide, inventive. Ce n’est pas rien. C’est une qualité rare.

Mais au-delà de la navigatrice aguerrie, des manœuvres impeccables, de ton sens pratique si rassurant, c’est la personne que tu es qui va nous manquer : ta joie, ton humour, ta douceur, ta manière de prendre la vie avec intelligence et simplicité.

Merci, Charlotte. Pour ces sept mois partagés, pour ces instants de complicité, pour ta confiance, et pour ce que tu es. Tu es une fille exceptionnelle, une personne précieuse — et tu laisses derrière toi bien plus que des souvenirs : une trace lumineuse dans notre sillage.

Oui, Charlotte, tu vas terriblement nous manquer.

 

Hierboven: Charlotte.

Een stralende glimlach, één hand op de rand van het bijbootje, en haar haren dansend in de wind – deze foto is zoveel meer dan zomaar een beeld. Ze vangt een moment, een gevoel, een aanwezigheid die we niet snel zullen vergeten.

Charlotte… binnen minder dan 30 dagen verlaat je DUO, bij onze aankomst in Aruba. En nu al voelt het alsof er iets ontbreekt aan boord. Je was een bemanningslid uit de duizend, zoveel meer dan we hadden durven dromen. Altijd aanwezig, altijd juist — met je bijna chirurgische kalmte tijdens moeilijke momenten, je dagelijkse vrolijkheid en je aanstekelijk enthousiasme bij elke nieuwe bestemming, heb jij onze reis een extra dimensie gegeven.

We hebben samen intense momenten beleefd. Denk maar aan de dag dat we de hydraulische stuurinrichting verloren — velen zouden panikeren. Jij bleef rustig, helder, vindingrijk. Dat is zeldzaam. En zo waardevol.

Maar nog meer dan je nautische kwaliteiten, je perfecte manoeuvres en je praktische ingesteldheid, gaan we de persoon missen die je bent: je levensvreugde, je humor, je zachtheid, je manier om het leven met eenvoud en wijsheid te benaderen.

Dank je wel, Charlotte. Voor deze zeven gedeelde maanden, voor alle mooie herinneringen, voor je vertrouwen en voor wie je bent. Je bent een uitzonderlijke dochter, een prachtig mens — en je laat meer achter dan herinneringen: je laat een lichtspoor achter in onze kielzog.

Ja Charlotte, we gaan je vreselijk hard missen.

 

Érigé face à la mer, cet obélisque  orange servait de repère aux capitaines de navires : il indiquait le point de chargement du sel raffiné. Chaque couleur correspondait à un type de sel et à un quai spécifique.

Deze oranje obelisk aan zee diende als oriëntatiepunt voor kapiteins: hij gaf aan waar een bepaald type zout geladen moest worden. Elke kleur stond voor een specifieke laadzone.

Red Slave – l’étiquette de l’indignité


"Red Slave" — ce nom peint sur une pierre nous rappelle brutalement la réalité de l’époque : on ne nommait pas les personnes, mais les lieux selon leur fonction dans le commerce du sel.


“Red Slave” — deze naam op een steen herinnert ons pijnlijk aan het verleden. Niet de mensen kregen namen, maar de plekken, als tandwielen in het zoutbedrijf.

Les pyramides de sel de Bonaire – un paysage éclatant, une mémoire douloureuse

Au sud de Bonaire, là où l’île semble s’évaporer dans la mer, s’étend un paysage qui évoque à la fois la beauté minérale du monde et la dureté de l’histoire humaine : les salines. Depuis plus de trois siècles, le sel y est extrait des eaux turquoise, sous un soleil impitoyable, dans un silence où résonne encore le labeur des esclaves d’antan.

Trois grandes pyramides de sel blanc trônent comme des monuments érigés à la gloire d’un minéral aussi essentiel que modeste. Mais autrefois, ces pyramides étaient précédées de simples obélisques colorés : rouge, blanc et bleu. Chaque couleur désignait un point d’embarquement spécifique pour les navires qui venaient charger le sel raffiné. Une sorte de code maritime primitif, peint sur la côte, pour guider les capitaines vers les bons quais. Ces obélisques sont encore visibles aujourd’hui, témoins muets d’une époque révolue.

Le processus de production du sel est resté presque inchangé : l’eau de mer est canalisée dans d’immenses bassins où elle s’évapore lentement sous l’effet du vent et du soleil. À mesure que l’eau s’efface, les cristaux apparaissent, d’un blanc éclatant, parfois teintés de rose en raison des micro-organismes qui prospèrent dans les étangs salés. Ce sont ces couleurs improbables — rose tendre, blanc aveuglant, turquoise cristallin — qui donnent à la région un aspect presque surnaturel.

Mais ce décor féérique dissimule un passé autrement plus sombre. À quelques pas des marais salants, de minuscules bâtisses, en pierre de corail, se dressent encore. Elles servaient de dortoirs aux esclaves qui travaillaient aux salines, 6 jours par semaine sous un soleil brulant et logés à même le sol, entassés dans un espace à peine plus grand qu’un placard. Ces cabanes, aujourd’hui restaurées, sont d’une taille si réduite qu’il est difficile d’imaginer qu’un être humain puisse y dormir. On y voit les noms de ces baraquements : "Red Slave", "White Slave"… Des noms qui font frémir.

Aujourd’hui, Bonaire continue d’exporter du sel, notamment vers les États-Unis, où il est utilisé pour l’industrie et le dégivrage des routes. Mais pour les visiteurs curieux, cet endroit est bien plus qu’un site industriel : c’est un miroir du passé, où le sel, si pur, reflète aussi les cicatrices invisibles de l’histoire.

 

De zoutpiramides van Bonaire – een oogverblindend landschap, een pijnlijke herinnering

In het zuiden van Bonaire, daar waar het eiland lijkt op te lossen in de zee, strekt zich een landschap uit dat tegelijk de ruwe schoonheid van de natuur en de hardheid van de menselijke geschiedenis weerspiegelt: de zoutpannen. Al meer dan drie eeuwen lang wordt hier zout gewonnen uit het turquoise zeewater, onder een genadeloze zon, in een stilte waarin de arbeid van vroegere slaven nog altijd lijkt na te echoën.

Drie grote piramides van wit zout rijzen op als monumenten, opgericht ter ere van een bescheiden maar onmisbaar mineraal. Maar vroeger stonden hier eerder eenvoudige, gekleurde obelisken: rood, wit en blauw. Elke kleur gaf een specifieke laadzone aan voor de schepen die kwamen om het geraffineerde zout te vervoeren. Een soort primitieve maritieme codering, zichtbaar vanaf zee, om de kapiteins naar de juiste plek te leiden. Deze obelisken staan er vandaag nog steeds — stille getuigen van een vervlogen tijd.

Het zoutwinningsproces is nauwelijks veranderd: zeewater wordt via kanalen naar enorme ondiepe bassins geleid, waar het langzaam verdampt onder invloed van zon en wind. Terwijl het water verdwijnt, verschijnen de kristallen — wit en glinsterend, soms roze gekleurd door micro-organismen die floreren in de zoute omgeving. Die kleuren — zachtroze, sneeuwwit, azuurblauw — geven het landschap een bijna buitenaardse uitstraling.

Maar achter dit sprookjesachtige decor schuilt een veel donkerder verleden. Op enkele passen van de zoutvlakten staan nog altijd piepkleine gebouwtjes van koraalsteen: de slaaphutten van de slaven die hier werkten. Zes dagen per week zwoegen onder de zon, om ’s nachts op de harde grond te rusten in een ruimte nauwelijks groter dan een hondenhok. De hutten zijn intussen gerestaureerd, maar hun afmetingen blijven verbijsterend. Op de muren prijken namen als “Red Slave” en “White Slave”... namen die je doen huiveren.

Vandaag exporteert Bonaire nog steeds zout, vooral naar de Verenigde Staten waar het gebruikt wordt voor industriële toepassingen en om wegen ijsvrij te maken. Maar voor wie het eiland bezoekt met een open blik, is dit veel meer dan een industrieel gebied: het is een spiegel van het verleden, waar het zuiverste zout ook de onzichtbare littekens van de geschiedenis weerkaatst.